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Les autorités sanitaires sud-africaines ont retiré une section controversée sur l’édition génomique héréditaire humaine (HHGE) des directives éthiques nationales du pays. Cette décision fait suite aux vives critiques de la part de scientifiques qui avaient averti que le texte original risquait d’ouvrir la voie aux « bébés sur mesure ».
La HHGE consiste à modifier génétiquement des spermatozoïdes, des ovules ou des embryons, ces modifications étant transmises aux générations suivantes.
La Société sud-africaine de génétique humaine (SASHG) a confirmé que la version 3.1 des directives éthiques 2024 du Conseil national d’éthique de la recherche en santé (NHREC) a supprimé toute la section consacrée à la HHGE.
Elle a été remplacée par une version qui appelle à une plus grande implication des parties prenantes, stipulant : « Compte tenu des débats en cours sur la recherche en matière de modification génétique héréditaire du génome humain, il faut que les parties prenantes nationales s’engagent davantage afin d’orienter la mise à jour de l’examen éthique dans ce domaine de recherche. »
Bien que la loi nationale sud-africaine sur la santé interdise déjà la manipulation reproductive des gamètes et des embryons humains, les premières lignes directrices sur la HHGE, publiées en mai 2024, avaient suscité des inquiétudes quant à l’ambiguïté de la réglementation et à d’éventuelles lacunes.
Les experts ont également relevé des déclarations contradictoires dans le document, l’une d’entre elles faisant référence aux « individus nés » à la suite d’interventions HHGE. Une autre appelait au respect des lois interdisant de telles pratiques.
En décembre 2024, plus de 120 scientifiques et experts en éthique ont exprimés leurs préoccupations lors d’une réunion historique organisée par le SASHG. La version précédente des lignes directrices, publiée en mai 2024, avait suscité des critiques au niveau local et international.
Les préoccupations concernant la formulation du document portaient sur le fait que les lignes directrices semblaient approuver implicitement la HHGE clinique dans certaines conditions, malgré l’absence de clarté juridique et de consensus mondial sur la question.
La révision du NHREC témoigne d’une approche plus prudente et consultative, le conseil s’engageant à consulter les parties prenantes nationales avant de mettre à jour sa position.
Le SASHG a salué la révision du NHREC, la qualifiant de « mesure nécessaire pour garantir que les politiques éthiques sud-africaines s’appuient sur des délibérations scientifiques et éthiques rigoureuses et inclusives ».
La présidente de la société, Lisa Roberts, a remercié les professeurs Michele Ramsey et Ames Dhai de l’Université du Witwatersrand, qui les ont informés des modifications apportées aux lignes directrices.
Elle a qualifié ce retrait de « réponse mesurée et appropriée » qui reflète « la complexité et la gravité de la modification génomique héréditaire, ainsi que la nécessité d’un dialogue large et multidisciplinaire ».
« Notre communauté SASHG dispose d’une mine de connaissances », a déclaré Mme Roberts. « Je remercies nos experts d’avoir approfondi notre compréhension des questions cruciales, et j’apprécie l’ouverture et l’engagement du NHREC en faveur de la protection des droits, de la sécurité et du bien-être des chercheurs et des participants à la recherche. »
Le SASHG a déclaré qu’il restait résolu à soutenir le NHREC dans ce processus en cours et a souligné que les futures directives devaient « refléter les normes les plus élevées en matière d’intégrité scientifique, de droits de l’homme et de confiance du public ».
Les lignes directrices mises à jour sont accessibles sur le site web du ministère de la Santé : https ://www.health.gov.za/nhrec-guidelines/