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Le Kenya a placé la science, la technologie et l’innovation au cœur de sa stratégie de développement national, avec des plans audacieux pour transformer sa base économique grâce à la recherche et à l’enseignement supérieur. Cependant, bien qu’il soit un leader de l’innovation scientifique en Afrique, le domaine de la recherche est sous la pression de l’austérité nationale et de la diminution du soutien international.

Bien que la loi de 2013 sur la science, la technologie et l’innovation prévoie d’allouer 2% du PIB à la recherche, le financement public actuel est insuffisant, bien qu’il est proche de l’objectif de 1% fixé par l’Union africaine dans son Agenda 2063.

Moteur principal

Le Fonds national de recherche (NRF), créé en 2015, reste l’agence clé qui pilote l’agenda national de recherche. Si la majeure partie de son financement provient du gouvernement, environ 25% de ses fonds proviennent du secteur privé, de donateurs et d’investissements.

Le directeur général du fonds, Dickson Andala, indique que l’institution a dépensé 6,1 milliards KES (46 millions US) depuis sa création pour soutenir des centaines de projets de recherche, des étudiants de troisième cycle et des initiatives d’innovation dans tout le pays. « En seulement un an ((2023-2024) », dit-il, « la NRF a financé 36 projets de recherche et attribué 384,9 millions de KES (2,9 millions de dollars) à plus de 700 étudiants du maitrise et du doctorat. Le financement de 50 projets de recherche supplémentaires est prévu pour 2024-2025. »

Les données les plus récentes de la Commission pour l’éducation universitaire (CUE) montrent que pour l’année universitaire 2022/2023, 7 581 doctorants étaient inscrits dans les universités publiques et privées du Kenya.

Parmi les percées notables soutenues par le NRF figurent le développement d’un traitement topique pour la tungiasis - une maladie de la peau causée par la puce de sable - et l’amélioration génétique de la race bovine Sahiwal. Au-delà du financement, le NRF soutient l’infrastructure de recherche, facilite les symposiums scientifiques et encourage le partage des connaissances entre les institutions et les chercheurs.

Soutien international

Une grande partie du financement de la R&D au Kenya - environ 100 milliards de KES (97 milliards de dollars américains) - provient de sources internationales. Avec la réduction des financements étrangers, y compris ceux de l’USAID et des programmes reliées, le rôle des donateurs extérieurs est devenu encore plus crucial. Des organisations telles que le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada, l’Agence française de développement (AFD), la Haute Commission britannique et SGCI-Africa, qui soutiennent des institutions telles que KEMRI, KALRO et Masinde Muliro University of Science and Technology, comblent cette lacune.

Le DAAD allemand a également joué un rôle important dans le paysage de la R&D au Kenya. Depuis le début des années 2000, il a financé 135 bourses d’études supérieures et collaboré avec le KEMRI, le KALRO et plusieurs universités dans le cadre de programmes de recherche conjoints.

Les partenariats africains sont de plus en plus influents. Le Kenya est l’un des principaux bénéficiaires des financements de l’Académie africaine des sciences (AAS) et de l’Initiative des conseils scientifiques (SGCI), qui offrent des bourses et des financements dans des domaines essentiels tels que les transitions vertes, l’innovation et la technologie, l’enseignement supérieur, les sciences sociales et la santé publique.

« Au Kenya, des bourses ont été attribuées à des étudiants des universités de Nairobi, Jomo Kenyatta et Egerton », explique Obed Ogega, directeur des programmes de l’AAS.

M. Andala ajoute : « Ces collaborations renforcent les capacités de recherche dans des secteurs stratégiques tels que l’intelligence artificielle, la science du climat, la santé publique et les connaissances autochtones. » Cependant, il prévient que des défis majeurs subsistent, notamment les retards de décaissement et les limitations infrastructurelles.

Les programmes emblématiques

Le Kenya Medical Research Institute (KEMRI) reste l’institut de recherche fleuron du Kenya et est la seule organisation kenyane à figurer dans le top 200 des institutions de recherche gouvernementales mondiales, se classant au 168e rang du Nature Index, une base de données qui suit les contributions des auteurs aux articles de recherche publiés dans un ensemble de revues de haute qualité dans les domaines des sciences naturelles et de la santé.

Le KEMRI entretient depuis des décennies une étroite collaboration avec le Japon, principalement facilitée par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). En juillet 2025, le Japon a accordé au KEMRI 3 milliards de KES (23 millions de dollars américains) pour la construction d’un centre de biosécurité de haut niveau. Ce centre, visé à renforcer la préparation aux menaces biologiques et aux futures pandémies, comprendra des laboratoires de pointe pour l’identification des agents pathogènes, la surveillance des maladies et le développement de kits de diagnostic, de médicaments et de vaccins. Le gouvernement a nommé ce projet l’élément clé de l’action menée par le Kenya en faveur de la couverture sanitaire universelle.

Les grandes multinationales de la technologie investissent également au Kenya pour s’assurer un accès au marché des données de l’Afrique de l’Est. En mi-2024, le ministère de l’information, des communications et de l’économie numérique s’est associé à Microsoft, à la société holding émiratie d’intelligence artificielle G42 et à d’autres parties prenantes dans le cadre d’un programme d’investissement d’un milliard de dollars américains sur le site. L’initiative comprend un centre de données écologique de pointe pour gérer la nouvelle région de cloud de Microsoft Azure en Afrique de l’Est. Elle établit également un laboratoire d’innovation est-africain à Nairobi pour aider les startups, les chercheurs et les institutions locales à créer des solutions de cloud et d’IA.